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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

FOREST, Eva [FORET TARRAT, Genoveva dite ]
Née à Barcelone en 1928 – morte le 19 mai 2007 - Sociologue ; écrivaine – PCE - Madrid (Nouvelle-Castille) – Fuenterrabia (Euskadi)
Article mis en ligne le 6 août 2013
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.

Née dans un famille anarchiste, Eva Forest ne fréquenta jamais l’école que son père, mort en mai 1936, considérait comme une institution répressive. Pendant la guerre civile elle fut confiée à une garderie financée par l’aide suisse et faillit faire partie d’un groupe d’enfants évacués vers l’URSS quand sa mère l’avait finalement fait descendre du camion qui l’amenait sur le port pour y être embarqué.

A la fin de la guerre elle intégrait pour la première fois un collège et passait son baccalauréat à Barcelone avant de gagner Madrid en 1948 pour y étudier la médecine. Parallèlement à ses cours elle travaillait au département de psychologie de l’hôpital provincial. C’est à cette époque au début des années 1950 qu’elle fréquenta à l’Université un petit groupe de discussion où, au contact notamment de Luis Martin Santos et de Carlos Castilla del Pino, elle allait acquérir une conscience sociale. En 1955 elle rencontra le dramaturge Alfonso Sastre qu’elle épousa l’année suivante. Suite à l’agitation étudiante de début 1956 et à des poursuites engagées contre Sastre par les tribunaux franquistes, le jeune couple s’exila en 1956 à Paris où naquit leur premier fils et où Eva allait commencer à abandonner la médecine pour s’intéresser à la sociologie et écrire un premier roman Febrero inspiré par la répression des manifestations étudiantes de l’Université de Madrid en 1956.

Revenu en Espagne à la fin des années 1950, Eva Forest participait en 1960 à la création du Groupe de Théâtre réaliste (GTR) dont le Manifeste avait été écrit par A. Sastre et José Maria Quinto.

En 1962 elle fut arrêtée pour avoir organisée à Madrid une manifestation de femmes en solidarité avec les mineurs asturiens en grève. Refusant de payer une amende elle fut emprisonnée un mois avec sa fille Evita qui venait de naître.

En 1966 elle fit un voyage de plusieurs mois à Cuba dont elle écrivit un témoignage dont la publication fut interdite par la censure. L’année suivante elle fut la fondatrice à Madrid du Comité de solidarité avec le Viet Nam.

A la fin des années 1960 elle adhérait au Parti communiste, collaborait aux bulletins clandestins Innformacion et Estado de excepcion et commençait à s’impliquer dans les luttes féministes. Au début des années 1970 elle commença également à se montrer active dans l’aide aux séparatistes basques. Lors de l’attentat le 20 décembre 1973 contre l’Amiral Carrero Blanco, elle aurait caché à son domicile plusieurs membres du commando de ETA et aurait servie d’agent de liaison pour préparer l’évacuation vers la France. Ces faits ne furent jamais prouvés, ni jugés (suite à l’amnistie de 1977), toujours est il que sous le pseudonyme de Julen Agirre, Eva publia en 1974 chez Ruedo Iberico (Paris) le livre Operacion Ogro : como y por qué ejecutamos a Carrero Blanco relatant toute l’opération. Puis suite à un attentat commis à Madrid le 13 septembre 1974 où furent tuées 12 personnes, elle fut arrêtée le 24 septembre, accusés de collaboration avec ETA et internée à Yeserias sans être jugée jusqu’à l’amnistie de 1977. Elle y écrivit son journal et lettres de prison et Testimonios de lucha y resistencia ».

A sa libération elle retrouva son compagnon et ses enfants avec lesquels elle s’installa à Fuenterrabia (Euskadi). Elle s’impliqua alors dans la gauche basque et notamment à Herri Batasuna dont en 1989 elle sera élue sénatrice. En 1979 elle fondait le groupe contre la torture Torturaren Aurkako Taldea (TAT). En 1990 elle fonda la maison d’éditions Hiru dont l’objectif premier était de publier les œuvres de son compagnon. Elle collabora régulièrement aux journaux basques Egin et Gara. Dans les dernières années de sa vie elle participa à plusieurs forums internationaux en solidarité avec Cuba ou contre la torture. Le 19 mai 2007, quelques semaines après avoit participé à Irun à une semaine d’hommage à Alfondso Sastre, Eva Forest décédait suite à une opération chirurgicale.

Œuvres : - Operacion Ogro (Paris, 1974) ; - Diario y cartas desde la carcel (Paris, 1975) ; - Testimonios de lucha y resitencia (Paris, 1976) ; - Tortura y sociedad (Madid, 1982, co-auteure) ; - Oninttze en el pais de la democracia (Madrid, Ed. Libertarias, 1985) ; - Tortura y democracia (1987) ; - Dispersion (Ed. Hiru, 1993) ; - Manuel de solidarios (Ed. Hiru, 1999) ; - Irak : un desafio al nuevo orden mundial ? (Ed. Hiru, 1999) ; - Un extraña aventura (Ed. Hiru, 2003). Et plusieurs romans (Febrero, Hulega general, Cuentos…) restés inédits.


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