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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

LOPEZ CALLE, Bernabé « BERNABE » ; « COMANDANTE ABRIL » ; « FERNANDO ABRIL »
Né à Montejaque (Málaga) le 30 mai 1899 - tué le 31 décembre 1949 - Guardia Civil – MLE – CNT - Groupe de Bernabé LOPEZ CALLE "Comandante Abril" & Agrupación FERMIN GALAN - Málaga & Cadix (Andalousie)
Article mis en ligne le 29 mai 2011
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.
Bernabe Lopez Calle

Bernabé López Calle était membre d’une famille confédérale très connue dans la province de Cadix. Tous ses frères (Pedro, Antonio et Maximo) furent également membres de la CNT. A son retour du service militaire effectué au Maroc de 1921 à 1924 et où il avait obtenu le grade de sergent, Bernabé Lopez Calle s’était engagé dans la Guardia Civil.

Lorsque le soulèvement militaire se déclencha le 18 juillet 1936, il était en poste à Antequera (Málaga). Avec trois autres gardes restés comme lui fidèles au serment prêté à la République, il contribua largement à la victoire du peuple dans la ville. Puis, en liaison avec les organisations ouvrières, Bernabé participa à la création du Comité Révolutionnaire et à l’organisation des premières milices ouvrières. Il prit le commandement d’une colonne qui deviendra le "Bataillon Pedro López Calle" du nom de son frère avec lequel il avait organisé cette unité. Après avoir pris part à la défense de Málaga et après la chute de la ville en février 1937, il se replia sur Alméria où son unité fut réorganisée. Il repartait au front, combattait à Teruel jusqu’en février 1938 à la tête de la 61èmeBrigade mixte (ancien bataillon Pedro Lopez Calle), brigade qui sera démantelée pour avoir refusé de suivre des ordres donnés par des communistes.

En avril 1938 il commandait la 98e Brigade mixte envoyée en renfort au Levant, peu avant la chute de Castellon le 14 avril 1938. En mai il prit le commandement de la 136e Brigade mixte de la 33e Division placée successivement sous les ordres du commandant des milices José Sabín Pérez, puis de José Luzón Morales. A la fin de la guerre, lorsque le gouvernement de Juan Negrin López fut renversé par le Conseil National de Défense et la Junte du Colonel Casado, il fut nommé commandant de la 70e Brigade confédérale du IVè corps d’armée du libertaire Cipriano Mera Sanz. Arrêté par les communistes, il parvint à s’enfuir et à regagner son unité qui fut la première à intervenir pour écraser les forces communistes qui s’opposaient à la Junte de défense du Colonel Casado. Arrêté après l’entrée des troupes franquistes à Madrid, il futtransféré à Málaga où il aurait été condamné à mort.avant que la peine soit ensuite commuée en trente années de prison.

Remis en liberté conditionnelle en 1944, il fut assigné à résidence à Montejaque où il allait travailler à la contruction de routes dans la région. Averti qu’il allait être à nouveau arrété, il gagna alors la Sierra où il allait constituee très vite son propre groupe dans les Sierras de Ronda.

Lors d’une réunion de chefs guérilleros tenue entre Castellar et Jimena de la Frontera et après plusieurs jours de débats, fut fondé le 17 août 1945 la Junta Nacional de Guerrilleros Antifascistas del sector sur. La junte était alors formée de Pablo Pérez Hidalgo Manolo El Rubio (PCE), Miguelete (Gauche républicaine), Barbero (Union Républicaine), Guillermo (CNT), Antonio Córdoba Herrera El Cuervo (FAI), Miguel Pérez Pérez Polonio (PSOE), Francisco Moreno Barragán Benito (JSU) et Domingo (UGT). Le responsable des guérillas était Pablo Pérez Hidalgo segondé par Juan Virgil De Quiñones Juanito de la CNT.

En 1946 Bernabé organisait avec des militants de Montejaque, Ubrique et Los Barrios, une Alianza de Fuerzas Democraticas placée sous son commandement. Début juin 1946 la police démantelait à Ronda, Montejaque et Benaoján les groupes de la CNT qui servaient de point d’appui à Bernabé ce qui l’obligea alors à aller dans la province de Cadix.
C’est au début de l’été 1946 qu’il eut ses premiers contacts avec Pablo Pérez Hidalgo dans la Sierra Padilla, contacts qui seront à l’origine de la formation de la future Agrupacion Fermin Galan en 1949.

Début 1947 Bernabé, par l’intermédiaire du comité comarcale de Jerez de la Frontera, était en étroite ralation avec le Comité Régional andalou de la CNT qui était alors établi à Séville. Ces deux comités de la CNT seront démantelés en avril 1947, obligeant Bernabé à se replier.

Le 15 juillet (oui juin ?) 1947, au lieu dit Majada de la Vida del Moro, aux portes de Grazalema, avec Juan Ruiz Huércano Eusebio, Cristobal Ordoñez López Aniversario, Juan Nuñez Pérez et Antonio Núñez Pérez, il participait à la séquestration du métayer Francisco Jarillo Bénitez qui sera libéré le 17 contre une rançon de 200 000 pesetas.

Le 31 octobre 1948, sur le district d’Algar, avec son fils Miguel López García Dario et Juan Ruiz Huércano Eusebio, il participait à l’enlèvement de l’agriculteur Demetrio Pérez Sánchez pour lequel une rançon de 1 million de pesettas sera exigée. Mais ce dernier parviendra à s’enfuir en sautant en pleine nuit au fond d’un ravin. Les guérilleros après lui avoir tiré dessus et l’avoir blessé au ventre ne tenteront pas de le rattraper et l’agriculteur décèdera le jour suivant à Algar des suites de ses blessures. La Guardia Civil engagera des opérations de recherche et le 5 novembre abattra sur le distrct d’Algar José Calvillo Garrido Quejigo qui n’avait en rien participé à cet enlèvement. La Guardia civil obligera la veuve de Demetrio à venir au cimetière d’Algar et à identifier le guérillero mort comme étant un de ceux qui avaient enlevé son mari.

Le 20 décembre 1948 Bernabé Lopez Calle, avec Miguel López García Dario, Miguel Pérez Pérez Polonio, Juan Virgil De Quiñones Juanito, Juan Ruiz Huércano Eusebio, Cristobal Ordoñez López Aniversario et la complicité de Juan Gallardo Aguilera Juanillo El Yesero, investissait la grande propriété Berlanga, à 26 kilomètres de Jerez de la Frontera dans l’intention d’enlever son proriétaire Federico Coveñas Cotrino. Ce dernier reconnaissant Cristobal Ordoñez López, qui avait travaillé pour lui quelques années auparavant, l’interpellera par son nom. Ce sera sa perte, Cristobal Ordoñez l’abattant aussitôt d’une balle dans la tête.

En février 1949 dans la Sierra de Cabras, district de Jerez de la Frontera, entre Algar et Alcalá de los Gazules, se tint une réunion des responsables de guérilla où fut fondée l’Agrupación Fermin Galan sous le commandement de Bernabé López Calle Comandante Abril, avec pour adjoint Miguel Pérez Pérez (PSOE), chef d’état major Pablo Pérez Hidalgo Manolo El Rubio (PCE), chef de propagande Juan Virgil De Quiñones Juanito (CNT), responsable administartif Cristobal Ordoñez López Aniversario (CNT). L’acte de constitution de l’Agrupacion portait les signatures de J. Torres, Aniceto Vicente, Eloz, Fernando Abril (B.López Calle), Antonio Luis, Juanito (J.virgil de quiñones), Carlos Ruano, Darío Fernández, José Rodríguez, Antonio Tizón et Polonio (M.Pérez Pérez).

Cette Agrupacion présentait la particularité d’être pour la première et denière fois une alliance entre anarchistes et communistes avec un commandement commun et où le rapport,bien que de prépondérance anarchiste, fut équilibré entre les deux tendances. Quatre secteurs d’action avaient été déterminés avec chacun son propre groupe de guérilla : le 1er secteur couvrait le district de Cortes de la Frontera jusqu’à la gare de Gaucín et était commandé par Francisco Moreno Barragán Benito un des frères Morenos de Cortes. Le 2è secteur comprenait Ubrique, Algar et Jerez de la Frontera sous le commandement de Lobaton. Le 3è couvrait Montejaque, Grazalema et Benaoján sous le commandement de Juan Toledo Martínez Caracoles. Le 4è et dernier secteur commandé par Juan Francisco Domínguez Gómez Pedro El de Alcalá comprenait les districts d’Alcalá de los Gazules, Jimena de la Frontera et Los Barrios. A cette réunion avait également participé un représentant du PC de Séville, Manuel Abollado Orejitas qui sera arrété en juillet 1949 et fusillé à Séville. Peu après seront arrétés les principaux agents de la guérilla de Jerez, Cadix et Séville.

Le 25 mars 1949, à la ferme Olivar de Pastor, près d’Alcala de los Gazules, Bernabé Lopez Calle avec son fils Miguel López Calle Dario, Juan Ruiz Huércano Eusebio, José Guerra Galván El Guerra, Francisco Moreno Baragán Benito, Juan Virgil De Quiñones Juanito et Juan Francisco Domínguez Gómez Pedro El de Alcala, séquestrait José Puerto Amador qui sera libéré le lendemain contre une rançon de 199 000 pesetas.

Après avoir tenté avec Miguel Lopez Garcia Dario et sans doute Juan Ruiz Huercano d’enlever le 25 juillet 1949 sur le district de Medina Sidonia Antonio de Los Reyes Gonzalez, le 31 juillet suivant il participait avec Dario, José Lobato Floria Lobato, Andres Lobato Dorado Garnacha, José Vilches Ruiz Barba et Antonio Mesa Posado El Rubio sur le district d’Algar, à la séquestration du jeune Antonio Sánchez Regordán, âgé de 14 ans, pour lequel une rançon de 100 000 pesetas sera demandée. La rançon sera interceptée par la Guardia civil et le jeune garçon reconnaitra un des oncles, José Cardoso Sañudo Rebusco, agent de liaison du groupe, parmi ses ravisseurs et sera abattu dans la nuit du 3 août contrairement aux ordres donnés par Bernabé.

Le 14 août 1949 était arrêté Manuel Martínez Casas Gazapo alors qu’en compagnie de sa femme et de ses deux fils, il tentait d’embarquer à Algéciras pour gagner Tanger. Cette arrestation entrainera le 14 septembre à Jerez de la Frontera celle de El Capitan et de cinq autres qui étaient chargés d’aider les guérilleros à gagner Tanger. Tous étaient membres du Comité comarcal CNT-FAI de Jerez dont le secrétaire était Juan Jaén. Le 26 octobre, à La Linea de la Concepción, c’était au tour de El Montecoche, Curro Correo et de la mère du guérillero Andrés Chaves Martinez Chaves, déjà évacué à Tanger, d’être arrétés. Tous appartenaient au réseau d’évasion et d’évacuation des guérilleros, monté par la CNT à partir d’Algeciras et Gibraltar.

Le 19 août 1949, avec Alfonso Sanchez Gomez Potaje, Juan Ruiz Huercano Eusebio et Francisco Fernandez Cornejo Largo Mayo, il séquestrait à la ferme Los Almeriques, district de Medina Sidonia, Enrique Vargas Lachuca Robau pour la libération duquel une rançon de 300.000 pesetas. Ce dernier ne sera libéré qu’après le versement de la rançpn, 13 jours après.

Le 29 décembre 1949, un des agants de liaison du groupe, Francisco Fernández Cornejo Largomayo abandonnait le campement situé au lieu dit Haza del Cabezón, près de la ferme Poca sangre, sur le district de Medina Sidonia et se rendait à la Guardia Civil de Medina Sidonia dont il était natif. Après qu’il ait révélé l’emplacement du campement guérillero, des forces de Chiclana, San Fernando et Medina Sidonia commençaient l’encerclement du camp de Bernabé López Calle dans la soirée du 30 décembre. Dès le lever du jour, le lendemain 31 décembre, la Guardia Civil se lançait à l’attaque : Bernabé López Calle était criblé de balles et Juan Ruiz Huércano Eusebio était éventré par une grenade. Alfonso Sánchez Gómez Potaje et le fils de Bernabé, Miguel López Garcia Dario qui partageaient une autre tente, parvenaient à s’échapper avec, semble-t-il, Juan Toledo Martinez Toledo et Francisco Dominguez Gomez Pedro el de Alcala. Dario sera tué l’année suivante le 17 novembre 1950, à Zahara de la Sierra, suite à une trahison.

Les cadavres de Bernabé Lopez Calle et de Juan Ruiz Huercano furent emmenés à dos de mule à Medina Sidonia où ils furent ensevelis dans une fosse anonyme.

Selon certaines sources Bernabé Lopez Calle se serait suicidé après avoir résisté à l’assaut des forces de répresion.

Bernabé López Calle avait collaboré pendant la guerre au périodique El Miliciano sous le pseudonyme el tonto de la columna et a été l’auteur de la brochure "Escucha campesino : el problema de la tierra"


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