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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

Né en 1954 en France
INES TORRES, Mario
GARI – Toulouse (Haute-Garonne) – Elizondo (Navarre)
Article mis en ligne le 4 septembre 2010
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.
Mario Ines Torres (années 1980)

Fils de réfugiés espagnols militants de la CNT, Mario Ines Torres fut lié aux activités antifranquistes des Groupes d’action révolutionnaire internationaliste (GARI) dans les années 1970. Arrêté à Toulouse en 1974, il fut interné pendant trente deux mois et se replia sur lui-même, éprouvant de grosses difficultés à communiquer. Remis en liberté provisoire en mai 1977, il retournait dans la région toulousaine où il montait un élevage de chevaux. Il ne cessa plus dès ce moment d’être l’objet d’un harcélement policier constant (perquisitions, gardes à vue, menaces, etc.). Début septembre 1977, alors qu’il venait d’aller pointer au commissariat avec deux de ses co-inculpés, Michel Camilleri et Jean Marc Rouillan, et alors que les trois jeunes gens étaient attablés à la terrasse d’un café, des policiers en voiture passaient à leur hauteur et leur tiraient dessus à blanc. Profondément choqué Mario Ines Torres cessa bientôt complétement de parler.

Vers 1979, après que sa famille ait perdu le statut de réfugié politique – la « démocratie » étant revenue en Espagne -, il décidait d’aller vivre en Espagne avec sa compagne Francine. Lors du procès des GARI en mai 1981, où tous les inculpés seront acquittés, il ne se présenta pas. Il vivait alors à Elizondo (Haute Navare) où il avait monté une petite exploitation agricole et entretenait de bons rapports avec la population.

Le 19 mars 1984, après avoir convoyé toute la nuit un lot de ruches achetées collectivement, il apprenait que la Guardia Civil le recherchait. Il allait au village où il était immédiatement arrêté. Privé de sommeil et interrogé sans relâche pendant dix jours, il "reconnaissait" avoir participé à un hold-up à Barcelone et indiquait des caches d’armes situées « au 36 quai des Orfèvres » (siège de la police judicieire) à Paris et « au Rempart de Saint Etienne » (siège du commissatiat central de Toulouse). Tout au long de ces interrogatoires des policiers français furent présents lui posant de nombreuses questions suur les GARI et le groupe Action Directe. Incarcéré à Carrabanchel, il avait été très éprouvé par ces interrogatoires et ne tardait pas à retomber dans un mutisme total. En juin 1984, Amesty International, qui l’avait adopté, constituait un dossier sur les tortures dont il avait été l’objet et démontrant que le jour du hold-up à Barcelone (en décembre 1983), Mario Inés travaillait en Navarre.

Remis en liberté provisoire en octobre 1984, Mario Inés décidait alors de retourner en France où il demandait l’asile politique et obtenait des papiers provisoires. Au printemps 1985, alors qu’il était dans un restaurant, il était menacé par quatre hommes, dont deux espagnols, qui s’avèreront être des membres du groupe terroriste GAL, monté par le police espagnole pour éliminer les militants basques. Á partir de cette date et craignant pour sa vie, Mario Inés ne sortira plus sans gilet pare-balles.

Le 3 février 1987, alors qu’il effectuait un stage agricole à Couiza (Aude), il était enlevé par trois hommes en voiture. Croyant qu’il s’agissait du GAL, un ami relevait le numéro d’immatriculation et le transmettait à la gendarmerie qui, en moins d’une heure, l’identifiait comme un véhicule des Renseignements généraux (RG). Et en effet les RG proposaient à Mario de devenir indicateur et de les conduire à son ancien camarade Jean-Marc Rouillan, le principal responsable du groupe Action Directe. S’il acceptait, il obtenait le statut de réfugié et s’il refusait, il était reconduit à la frontière espagnole où l’attendait un mandat d’arrêt puisqu’il ne s’était pas rendu aux diverses convocations du juge d’instruction en Espagne. Quelques jours après Jean Marc Rouillan et d’autres militants du groupe Action Directe étaient arrêtés à Vitry-aux-Loges. Sur désinformation de la police, le journal Le Matin, dans un article signé de J.M. Ancian, suggèrait que Mario avait dénoncé Rouillan, un correspondant du journal publiant même une fausse interview de Mario Inés, articles qui seront par la suite démentis de façon ambiguë par le journal.

Mario, qui avait déposé une plainte « pour enlèvement », dont l’adresse n’était apparue nulle part et dont le téléphone n’était pas à son nom, ne cessa plus de février à mai 1987, de recevoir des menaces et des insultes téléphoniques incessantes. Fin mai il apprenait que le Ministère de l’Intérieur avait opposé « le secret défense » à sa plainte pour enlèvement. On lui proposa même une carte de séjour de dix ans et la suppression du mandat de recherches en Espagne, s’il acceptait de retirer sa plainte. Le 22 août 1987, ne se sentant plus en sécurité, Mario Inés Torrés partait pour la Finlande où il demandait l’asile politique et était pris en charge par des organisations étudiantes finlandaises. Lors de l’enquête des autorités finlandaises, il fut décrit par les autorités françaises comme « un dangereux terroriste » et fut arrêté le 7 novembre 1987. Malgré plusieurs manifestations en Finlande et une campagne internationale de soutien, Mario Ines fut extradé le 28 mars 1988 et remis aux autorités espagnoles. Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Madrid, Mario Inés Torres ne fut remis en liberté provisoire que le 12 juillet 1987.


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