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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

GOMAR TORO, Francisco « EL VALENCIANO »
Né le 29 mars 1914 à Decazeville (Aveyron) - mort le 21 février 1994 - MLE - CNT - Groupe de Francisco GOMAR TORO "EL VALENCIANO" - Cuenca (Nouvelle-Castille) - Albacete (Murcia)
Article mis en ligne le 19 octobre 2008
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.
Francisco Gomar Toro & Josefa Martinez Moreno

Pendant la guerre civile Francisco Gomar Toro avait été officier d’intendance et membre du SIM (Servicio de Investigación militar). Fait prisonnier à la fin de la guerre dans le port d’Alicante il avait été interné au camp de Los Almendros puis à la prison provinciale d’Alicante où avec trois autres détenus il avait été victime d’un simulacre d’exécution. Il fut ensuite transféré à Murcia dans une prison prévue pour 300 personnes et où se retrouvaient près de 5000 détenus, et où, suite à une tentative d’évasion collective, cinq détenus furent fusillés devant le reste des prisonniers. Il a été ensuite transféré à Játiva (Valence) dont il était libéré le 5 janvier 1942. Francisco Gomar avait eu la vie sauve parceque son appartenance au SIM n’avait pas été pas découverte. Le 28 janvier il apprenait qu’un nouvel ordre de détention avait été lancé contre lui et partait pour Barcelone où ne se sentant pas en sécurité, il décidait de gagner la Sierra Morena (dans les provinces de Castellón et Teruel) dans la région du Maestrazgo et où il entrait en contact avec des groupes de guérilla. Un jour qu’il allait rendre visite à sa compagne, Josefa Martinez Moreno, à Salobre (Albacete), il était arrêté. Il s’évadait deux jours plus tard et regagnait la sierra.

Dans la sierra de Alcaraz (Albacete), était active la 5° Agrupación Guerrillera ou Agrupación Guerrillera del centro d’obédience communiste commandée par Cecilio Martín Borjas Timochenko et qui avait pour zone d’activité la région allant de l’est de Ciudad Real au sud de Cuenca et à l’ouest d’Albacete. Ne voulant pas s’intégrer à une guérilla aux ordres des communistes, Francisco Gomar Toro El Valenciano formait son propre groupe composé d’une vingtaine d’hommes et gardait le contact avec d’autres guérillas confédérales comme celle des frères Quero Robles à Grenade ou celle de Sebastián Moya Moya Chichango dans la zone d’Albacete. C’est son groupe qui attaquait la caserne de la Guardia Civil de Vianos (Albacete) où il s’emparait de plusieurs fusils et pistolets. Josefa Martínez Moreno, sa compagne, était arrêtée et torturée pour qu’elle révèle la cache de son mari : ils la pendront par les bras, lui enfonceront des cure-dents dans les seins, et autres barbaries. Lors de son transfert à la prison d’Albacete, le directeur refusera de l’admettre disant qu’il "ne pouvait accepter les cadavres". Josefa Martinez ne se remettra jamais de ces mauvais traitements et en décèdera des années plus tard.

En septembre 1946, Francisco Gomar s’intègrait au groupe d’Antonio Hidalgo López Atila. Le 7 octobre, avec Cecilio Martín Borjas Timochenko, Antonio Hidalgo López Atila, Antonio Moreno Manzano Pichi et German Girón Nieto Donaire il participait à l’attaque sur la route de Cordoba à Valence des trésoriers payeurs de la Compagnie de chelmins de fer Baeza-Utiel qui leur rapportait 64.600 pesetas. En novembre il désertait le groupe.

Suite à la répression, son groupe n’était bientôt plus composé que de trois hommes dont deux allaient bientôt déserter. Francisco Gomar gagnait alors la Sierra de Gredos, où il retrouvait quatre hommes dont deux du PC, Pepin et Eusebio. On était alors fin 1948 où une promesse d’amnistie incitait de nombreux guérilleros à se rendre. Francisco Gomar Toro a été arrêté le 9 janvier 1949 chez ses parents à La Pobla del Duc (Valence). Traduit devant un conseil de guerre, il a été condamné à mort, puis sa peine a été commuée en trente ans de prison. Avant le procès il avait tenté de se suicider pour échapper aux mauvais traitements dont il était victime lors des interrogatoires. Interné à San Miguel de Los Reyes où il fut notoirement proche de César Broto Villegas ancien secrétaire du CN-CNT, il sera remis en liberté conditionnelle le 3 mars 1959.

Francisco Gomar Toro est mort à La Pobla del Duc le 21 février 1994.


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